mercredi 30 janvier 2008

Faut-il orienter en fonction des débouchés ?

Chaque enfant est une histoire sacrée dont on ne saurait soumettre l’avenir intellectuel et professionnel aux lois d’une planification étatique des besoins – de type soviétique – ou aux lois du marché des entreprises qui dicteraient aux familles et aux élèves, la liste de leurs besoins.
Chaque enfant a besoin, pour s’épanouir, de se reconnaître dans un projet qui lui est propre, de cultiver des goûts, des aptitudes, des rêves aussi… Les choix qu’il fera avec ses parents lui permettront de tracer son propre chemin, choisi et non subi. Il y construira son identité, ses objectifs, son ambition qui ne peut se limiter à un job à la sortie…
Faut-il pour autant faire abstraction des débouchés et des réalités économiques ? Trop de filières techniques inadaptées à la réalité économique ou à contre-courant des besoins du marché de l’emploi ont laissé sur le carreau des hordes de jeunes chômeurs. Et combien de jeunes étudiants, attirés et éblouis par les matières intellectuellement passionnantes (la socio, la psycho, les belles lettres…) s’aperçoivent un peu tard qu’elles ne mènent qu’à une impasse professionnelle ?
Laissons la place au rêve, à l’ambition, aux choix qui font grandir, mais confrontons les aux débouchés, aux réalités de la vie économique pour une orientation choisie, mais efficace.
Yves George, vice-président de l'Unapel

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Chaque enfant est différent, chaque enfant réagira avec sa propre sensibilité à ce soucis qu'est l'orientation. En tant que parent nous aurons à "éclairer" le (ou les) choix. En discutter avec la famille, les amis, en allant en parler avec des professionnels, en visitant des entreprises, ces différentes actions vont permettre d'encourager, de valider ou d'éliminer une piste d'orientation. L'idéal est certainement que le jeune puisse être confirmé dans son choix, il aura ainsi un objectif et réussira mieux à atteindre celui ci. En tant que parent, nous avons aussi à mettre en avant, à faire connaître les métiers "porteurs" d'emplois. Si nous n'avons pas à décider à la place de l'enfant, nous avons en tant qu'éducateur la responsabilité d'aider à l'épanouissement en évitant par exemple de laisser ce jeune s'engager dans des filières totalement bloquées. Je suis d'accord avec le commentaire initial. Je préfère assumer mon rôle de parent "avec les yeux bien ouverts" et si j'ai à respecter ce choix, j'ai aussi à "éclairer" et à indiquer des secteurs porteurs comme, l'hôtellerie, banque/assurance, le paramédical, tous les secteurs tertiaires et de service, l'informatique , le service à la personne, le bâtiment, le médical ou encore l'armée. Ils sont nombreux et chacun doit pouvoir y trouver sa place.

Anonyme a dit…

Je ne suis qu’en partie d’accord avec vous. Bien sûr, on a tous envie que nos enfants s’orientent vers une filière qui offre des débouchés. Mais comment avoir une information fiable ? On a tous lu que l’on aurait besoin de profs et d’informaticiens dans les années à venir. Finalement, baisse des effectifs et aussi économie : résultat, les recrutements de profs ne sont pas forcément à la hausse. Quant à la bulle du web, elle n’arrête pas de gonfler pour ensuite éclater. Les emplois créés par le départ des « papy-boomers » ? Les millions d’emplois prévus ne seront pas au rendez-vous car tous ne seront pas remplacés.
Je finirai par un témoignage, celui de ma nièce. Après son bac elle a décidé de devenir comédienne. Emoi des parents : les débouchés, la sécurité de l’emploi, etc… Ma nièce ne sera sans doute jamais une star des écrans ou des planches. Mais bon gré, mal gré, elle vit de son métier. De façon précaire, mais elle savait ce qui l’attendait. Elle l’a choisi et elle l’assume. Pourquoi ? Pour vivre sa passion. Une orientation efficace ? Et si on parlait aussi de passion… Cela aussi, c’est « réaliste » !

Anonyme a dit…

S'il faut laisser une part de rêve à nos jeunes, s'il faut leur laisser l'initiative pour chercher la voie "idéale", on peut aussi en tant que parent et donc d'éducateur , leur dégager des pistes vers des secteurs porteurs, j'y suis favorable.
J'ai eu l'occasion de prendre connaissance de 2 documents réalisés par Alternatives Economiques et l'Onisep. Il est en effet très intéressant de mesurer l'intérêt d'aller vers des secteurs porteurs d'emplois "demain". Le 1er "les métiers de demain" puis plus récemment "l'état de l'emploi".
L'éclairage apporté peut avoir à mon sens un intérêt avant de s'engager vers telle ou telle filière. Les analyses me semblent objectives, l'outil est "facile" d'accès.
Cet éclairage permet aussi et pourquoi pas de conjuguer ces pistes avec une découverte plus concrète d'un ou deux métiers afin "d'affiner" ces choix.
Mais l'orientation est l'affaire de tous : toute la chaîne éducative à sa part de responsabilité, les P. Principaux, les conseillers d'orientation, les Chefs d'étab., les Documentalistes, les CPE et évidemment les Parents avec au centre "les enfants". Chacun avec sa sensibilité, peut apporter "une touche" pour "positiver" autour de ce sujet qu'est l'orientaion, mais aussi aider à tracer au mieux le chemin.

Anonyme a dit…

Quand je rencontre un jeune au BDI, j'aime lui offrir une information claire, honnête. Nous ne sommes pas là pour faire de l'orientation mais tant qu'à donner une information autant qu'elle soit complète. Le jeune me propose une carrière artistique ? Banco ! Mais en ne cachant pas que c'est la voix du travail acharné, de la recherche constante ! Bref, pas la Star Academy ni le Loto !

Vero.A a dit…

Je suis d'accord avec l'essentiel de ce qui est dit par M.Yves Georges, mais une petite chose me gêne par rapport à l'image d'impasses(largement véhiculée dans notre société d'ailleurs) des filières dites "intellectuelles". Bien sûr, les étudiants de ces filères (notamment socio, psycho...) ont souvent plus de mal à décrocher un emploi en CDI, correctement rémunéré, et le commun des mortels a du mal à imaginer ce que ces diplômés savent faire, professionnellement parlant. Pourtant des filières telles que les sciences humaines permettent d'acquérir des compétences transférables dans la plupart des secteurs professionnels. Je suis étudiante (en reprise d'études)en 2ème année de master de sociologie et j'ai par exemple appris à comprendre et maîtriser les enjeux théoriques, les logiques et représentations à l'oeuvre dans certaines situations, à effectuer des expertises de situations, à organiser et gérer un protocole d'enquête, être force de proposition à partir d'un diagnostic établi, à encadrer et piloter un travail d'équipe ect...la liste est encore longue et mon propos n'est pas de faire l'éloge de ma formation mais je me dis que si on changeait un peu de regard sur certaines disciplines dites intellectuelles, on se rendrait compte qu'elles ne sont pas stériles et permettent de développer des compétences utilisables dans divers domaines et qui serviront sur le long terme. A une époque où on nous demande d'être polyvalents et adaptables, je pense que c'est un risque de se spécialiser trop vite (vous êtes un spécialiste adulé un jour et jetable le lendemain si votre spécialité ne correspond plus aux "besoins du marché")alors je préfère des études dites "intellectuelles" qui entretiennent le besoin de comprendre ce qui nous entoure et de raisonner...je pense qu'on en a toujours besoin. Rien n'empêche ensuite de se professionnaliser (mon master est d'ailleurs un master professionnel, avec 6 mois de stage à effectuer, histoire de mettre en pratique nos concepts et méthodologies ...et tous les étudiants que nous sommes dans ce master ne sont pas forcément dans le social! la sociologie est souvent confondue avec le social; mais on utilise la sociologie chez les architectes, dans les cabinets d'études de marché ect..) pour devenir un professionnel avisé car selon moi, un bon professionnel se doit de penser et donc d'intellectualiser quelque peu son travail au risque sinon de se transformer en simple machine à exécuter.
En plus, une formation en sciences humaines est un vrai plus sur le plan personnel (à l'heure où des gens paient des fortunes pour des formations privées de développement personnel, je suis contente d'être à l'université et de mieux comprendre le monde qui m'entoure sans me ruiner!)Je ne gagnerai peut être pas super bien ma vie (et encore ce n'est pas sûr quand je vois se créer des cabinets d'expertise et de consulting, je me dis qu'il y a de la place pour les compétences des sociologues dans cette voie)mais après tout qu'est-ce que réussir sa vie? gagner beaucoup d'argent, avoir un métier socialement valorisé... faire ce que l'on aime et ce en quoi on croit?
Alors chacun sa voie et parfois il faut du temps pour la trouver. Rien n'est définitif et avec la formation continue rien n'empêche de reprendre des études ou une formation professionnalisante à tout âge, mais l'essentiel est de ne pas perdre le goût de savoir et de comprendre.